Le détachement moral, ou ne pas se sentir coupable quand on fait du mal
Le détachement moral est un concept intéressant qui renvoie à une théorie proposée par Albert Bandura.. Cela a à voir avec les raisons pour lesquelles beaucoup de gens finissent par adopter des comportements qui vont à l'encontre des valeurs qu'ils défendent. Ceux qui, par exemple, parlent de respect et d’insulte, ou de paix et d’attaque.
Il y a beaucoup de phénomènes événements historiques dans lesquels ce détachement moral est devenu évident. Le plus médiatisé d'entre eux est l'holocauste nazi. Nous nous demandons encore comment une ville entière a accepté de se rendre complice d'un massacre. Comment se fait-il que des hommes et des femmes, même très éclairés et décents, se soient prêtés à mener le monde dans une situation extrême et dévastatrice.
Cependant, le détachement moral n'est pas un phénomène macro-économique seulement. Nous le voyons fréquemment au jour le jour. Ceux qui sont contre la corruption et le pot-de-vin. Ou ceux qui défendent les droits des plus vulnérables et exploitent leurs employés. Ce qui frappe dans tout cela n’est pas le comportement lui-même, mais le fait qu’il ne génère aucune sorte de gêne chez ceux qui encourent ces contradictions. C’est précisément ce que cette théorie explique.
"Notre science nous a rendus cyniques; notre intelligence, dure et manquant de sentiments".
-Sir Charles Chaplin-
Le détachement moral
Plusieurs théories tentent de décrire la manière dont les êtres humains acquièrent les principes et les valeurs éthiques qui nous régissent.. Pour Albert Bandura, c'est un processus par lequel ces valeurs sont inculquées, à travers des stimuli de récompense et de punition. Nous internalisons les règles grâce à cela.
Selon sa thèse, il y a des circonstances qui conduisent parfois à plus de flexibilité dans le respect de ces normes. Cela peut être dû à la pression sociale, ou à certains moments, il y a une certaine commodité, ou peut-être à une urgence, entre autres. La vérité est que l'être humain peut agir contre les règles inculquées et qu'il le pratique lui-même depuis longtemps..
Quand une personne trahit ses convictions morales, il y a un grand malaise en lui. Un mélange de remords, de culpabilité et de malaise. Dans cet état, la personne touchée doit résoudre cet inconfort. Vous pouvez le faire en rectifiant ou en utilisant des mécanismes pour justifier ce que vous avez fait. L'un d'entre eux est le détachement moral. Cela lui permet de réinterpréter son comportement afin de ne pas se sentir mal pour elle..
Les mécanismes de détachement moral
Selon la théorie d'Albert Bandura, il existe huit mécanismes par lesquels le détachement moral de son comportement est effectué. En d’autres termes, il existe huit façons de justifier ou de donner une explication convaincante des raisons pour lesquelles nous trahissons les valeurs auxquelles nous croyons. Les huit mécanismes sont les suivants:
- Justification morale. Cela se produit lorsqu'une personne se protège de certaines valeurs pour excuser la transgression d'autres valeurs ou de certaines normes. Comme quand le père punit physiquement un enfant et dit: "Je le fais pour ton bien".
- Langue euphémiste. Cela se produit lorsque l'impact d'un comportement est minimisé, en l'adoucissant par le langage. Par exemple, lorsqu'un licenciement ou un abandon est appelé "lâcher prise" ou "lâcher prise".
- Déplacement. Il s’agit de tenir un agent externe responsable des faits. Comme quand il y a une loi injuste qui est suivie parce que c'est la loi. Les lois qui ont conduit à maltraiter les Juifs dans l’Allemagne nazie en sont un exemple..
- Diffusion. Correspond aux cas dans lesquels la responsabilité individuelle est diluée dans une culpabilité collective. Un mécanisme typique de corruption. "Si les autres le font, pourquoi ne devrais-je pas le faire?"
- Comparaison arbitraire. Ce mécanisme établit un parallèle entre les pires actes possibles et le comportement que la personne a adopté. S'il vole de l'argent, il dit qu'il y en a d'autres qui volent 100 fois plus que lui. Ou s'il frappe, il dit qu'il y a d'autres qui tuent.
- Déshumanisation. Il consiste à prendre symboliquement la dignité humaine de la victime de leur comportement. Pendant des siècles, on a dit, par exemple, que les Noirs n'avaient pas d'âme. On parle actuellement de "sudacas paraásitos", etc..
- Attribution de responsabilité à la victime. Cela se produit lorsque la victime est tenue responsable des dommages causés. S'il n'avait pas prétendu, personne ne l'aurait attaqué. Si elle ne s'était pas habillée d'une certaine manière, personne ne l'aurait violée, etc..
Tous ces mécanismes sont d'usage quotidien dans le monde d'aujourd'hui. Nous vivons à une époque de relativisation morale excessive. Il n’est pas bon d’adhérer à des principes inflexibles, mais il n’est pas sain non plus pour la société que les limites de tout soient si incertaines.
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