Quand le changement vient de l'irrationnel, la communitas

Quand le changement vient de l'irrationnel, la communitas / Psychologie

Tous ceux qui ont participé à un pèlerinage savent que c'est quelque chose de spécial, mais ils ne savent peut-être pas ce qu'est la communitas. Marcher avec des étrangers et partager un objectif avec eux nous amène à créer des liens privilégiés. Un destin, un chemin partagé et une magie inattendue de travail par affinité.

L'anthropologue Victor Turner a étudié ce phénomène en considérant que les pèlerinages étaient des rituels divisés en différentes phases. Pour lui, les pèlerinages consistent à quitter la société et à revenir, mais au retour rien n'est pareil. Pour Turner, la chose la plus importante était la communauté qui s'était formée, ces relations privilégiées qu'il appelait communitas..

Phases des rituels

Les rituels se composent de trois phases distinctes, reliées entre elles. Ces phases sont la séparation, la liminalité et l’agrégation. Dans la première phase, la séparation, les gens sont séparés de la communauté sociale. Ils abandonnent la vie quotidienne, à la fois physiquement et symboliquement. Dans les pèlerinages, cette phase correspond à la préparation des valises, à la préparation des adieux appropriés, à la recherche d'informations sur l'expérience qui commence, etc..

La deuxième phase, celle de la liminalité, est celle de la réalisation du chemin, du pèlerinage. Dans cette phase, les gens s'éloignent des notions normales de temps et d'espace. Le temps s'écoule différemment, arrêtez de regarder constamment l'horloge, Ils marchent plus lentement en appréciant le paysage et le moment devient plus important que l'avenir. Au cours de cette phase, nous partageons également un motif commun avec les autres pèlerins, finissons le pèlerinage ou atteignons le prochain point du voyage. Cela conduit à la génération d'une identité commune.

La dernière phase correspond à l'agrégation. C'est la fin du pèlerinage. Il est temps de rentrer à la maison, à la routine habituelle. La route est finie. Cependant, rien n'est pareil. Les pèlerins ont tendance à devenir plus détendus et à jouir d'un nouveau statut social. Les activités routinières et ennuyeuses ont un aspect différent. Les petites choses deviennent plus importantes et les relations avec les autres sont plus agréables. Mais que s'est-il passé?

Les communitas

Parmi les trois phases des rituels, la seconde, la liminalité, est la plus importante. Au cours de cette phase, il se passe quelque chose qui nous amène à changer, quelque chose qui modifie notre façon de voir et de comprendre le monde, à savoir la communitas. Pendant la phase de liminalité, les conditions sociales antérieures n'existent pas. Les règles et les limitations que nous avons au jour le jour disparaissent, nous jouissons d'une liberté élargie. Notre statut social ne compte plus, peu importe notre profession, nos études ou notre confession religieuse. Tous les pèlerins sont au même niveau, ils sont égaux.

"La marche est un moyen de se moquer de la modernité, un raccourci dans le rythme effréné de nos vies et un moyen d'aiguiser les sens".

-David Le Breton-

Cet état anarchique favorise l'émergence de la communitas. La communitas, selon Turner, est un esprit communautaire. C'est un sentiment d'égalité sociale, de solidarité et d'unité. En fin, c'est un lien humain constitué de liens égalitaires non rationnels. Les autres pèlerins deviennent nos égaux sans raison. Bien que dans d'autres situations, ils ne deviennent jamais nos amis, ils deviennent plus que des amis. Peu importe ce que nous partageons ou pas loin de ce moment. Ce beau, le maintenant.

La communitas est très intense. Cela nous amène à ce que nos sens soient plus sensibles et notre intuition plus active. Les émotions sont proches de la surface et le rationnel perd sa signification. Cependant, cet état est temporaire et ne dure généralement pas longtemps.

De plus, la communitas peut servir à détruire l'ordre. Cet état où les normes sociales habituelles ne fonctionnent pas peut nous conduire à un état chaotique où règne la destruction. Au contraire, la communitas peut aussi nous conduire à la création. Cet état peut aider à générer de nouvelles normes et valeurs, en plus de nous aider à sauver des valeurs perdues.

Types de communitas

Turner distingue trois types de communitas: la communitas existentielle ou spontanée, la communitas normative et la communitas ideológica.

La communitas spontanée apparaît lorsqu'un événement contre-culturel se produit. Lors de la participation à un événement dont les règles sont contraires à la culture actuelle. La communitas normative se produit lorsqu'il y a un besoin de contrôle social. Ce type de communitas provient de la communitas spontanée et les pérégrinations appartiennent à ce type. Enfin, lune communitas ideológica est ce que l'on trouve dans les sociétés utopiques. Les gens partagent des idéaux, une utopie.

Alors que la communitas spontanée est en dehors des normes sociales, la structure sociale, normative et idéologique, fait partie de la structure sociale. Pour lui, la communitas spontanée est la plus libre, celle qui change le plus.

En résumé, quitter volontairement son lieu de résidence, traverser de nouvelles terres et traverser des États jamais expérimentés nous conduit à la communitas, qui surmonte la division entre les personnes et conduit à une unification sociale. Si vous avez déjà vécu cette expérience, vous savez comment l'appeler. Si, par contre, vous ne l'avez pas encore expérimenté, qu'attendez-vous??

Tu y penses encore? Faites que le Camino de Santiago devienne un pèlerin et que le Camino de Santiago améliore notre santé physique, devienne de meilleures personnes et noue de solides amitiés en quelques jours seulement. Lire plus "